SITE ARCHEOLOGIQUE D’OLBIA

Vestiges de la cité d'Olbia

Hyères : lieu de villégiature prisé des touristes depuis le19ème siècle et célèbre pour ses cultures horticoles !! Mais saviez-vous qu’y fut fondée dès le 4ème siècle avant notre ère une cité fortifiée ?
C’est sur le bord de mer, au début de la plage de l’Almanarre que nous nous rendons ce matin en cette belle journée du 3 avril : nous allons remonter le temps sur 2400 ans !

Phocéens, navigateurs et commerçants

Nous savons que Marseille (Massalia) fut fondée il y a 2600 ans par les Phocéens ; ces Grecs, originaires de Ionie (aujourd’hui région de la ville d’Izmir en Turquie) pratiquaient le commerce essentiellement par cabotage vers l’Italie et l’Espagne, à la recherche de métaux précieux tels que l’argent, le cuivre et l’étain. Pour se préserver des attaques de pirates et sauvegarder leurs biens ils durent établir des cités défensives tout au long de la côte méditerranéenne de la Gaule : ainsi sont nées Nikaia (Nice), Antipolis (Antibes), Tauroeis (Six Fours-Le Brusc) etc…
Entre le cap Sicié et le Massif de l’Estérel une petite cité entourée de hauts remparts va être ainsi érigée en site défensif vers 325 av JC dans un lieu protégé, riche en poissons et pourvue d’eau douce grâce à une nappe phréatique. Elle se nommera Olbia, « La Bienheureuse » en Grec.

Un empereur passionné, une histoire révélée par la terre et un millefeuille riche en découvertes.

C’est Napoléon III, féru d’histoire, qui décide en 1850 de faire procéder aux premières fouilles. On pense d’abord à une origine romaine de la cité puis en 1909 un fragment de statue sur lequel est inscrit le nom des habitants, les Olbiens, en révèle l’origine grecque.
Le site, classé en 1947, fait ensuite l’objet d’importants chantiers qui perdurent encore.
Les archéologues utilisent la technique de la stratigraphie (étude des couches de sédiments révélateurs de l’impact d’activités humaines) et l’étude du « millefeuille » : on dégage les couches successives en remontant le temps.
Ainsi a-t-on dégagé les anciennes fondations de gré rouge de la cité construite en une quarantaine d’année. En forme de quadrilatère, entourée de remparts de 7 à 8 mètres de hauteur, elle a été construite en damier, composée de 4 quartiers d’habitation. Les murs des bâtiments, faits de terre battue, n’ont pas quant à eux résisté au temps.

Une vie en communauté centrée sur le commerce et l’accueil de curistes

Vers 49 av JC, Massalia et toutes ses colonies passent sous le joug de Rome : ainsi Olbia devient romaine et plus tard d’importants thermes (aujourd’hui disparus) y sont construits en bord de mer.
Lorsque l’on pénètre à l’intérieur du site aujourd’hui, on découvre en premier lieu les restes des remparts fortifiés, formés de blocs de gré, d’une largeur de deux mètres.

Ensuite se révèlent les fondations et le plan parfaitement visible des anciens bâtiments : les îlots d’habitation composés de trois logements, des boutiques (on voit parfaitement la rainure creusée dans la pierre permettant la fermeture du volet d’un magasin) : vente de vin, repas servis sur place…
On peut encore admirer les parois d’un comptoir décoré de frises et de coquelicots peints à l’ocre.
De singulières trouvailles ont révélé la vie quotidienne des habitants : écailles et arrêtes de poisson, os de mouton sur lequel perdure la trace d’un couteau, morceaux de poteries, …

Autre détail : pas de latrine pour cette cité mais l’usage de pots de chambres tout simplement !
L’ancien puits central et point vital pour les habitants, alimenté par la nappe phréatique, est profond de huit mètres.
Enfin les termes utilisés par les olbiens se découvrent avec leurs différentes pièces : frigidarium, tepidarium, caldarium…Un lieu dédié à l’hygiène mais aussi aux échanges entre habitants.

Une cité trois fois protégée par les dieux

Comme toutes les villes antiques, Olbia avait ses dieux protecteurs : ici c’est Artémis à qui on éleva un sanctuaire. Mais Aphrodite y était aussi vénérée car déesse de l’amour mais aussi protectrice des navigateurs. Enfin la découverte de milliers de tessons d’ex voto du côté de la Badine a révélé le lieu dédié au dieu des éleveurs et des abeilles : Aristée.

D’Olbia à Saint Pierre de l’Almanarre

Et le temps a passé ; la cité abandonnée vers le VII siècle de notre ère (on ne sait trop pourquoi) a laissé la place à un prieuré bénédictin aux XI et XII -ème siècles puis à une abbaye cistercienne, St Pierre de l’Almanarre, occupée par des moniales jusqu’à la fin du XIV -ème siècle (son cimetière découvert lui aussi a révélé plus de 500 tombes !!)

Voilà notre remontée dans le temps se termine mais en quittant le site n’oublions pas que sous la mer, face à ce lieu, gisent encore les restes engloutis du port d’Olbia qui constituent le seul site archéologique sous-marin de France et une réserve pour la flore et faune aquatique !!

Elisabeth Puissant