INTERNET AVANT L’HEURE QUAND LE TELEGRAPHE OPTIQUE RELIAIT TOULON A PARIS

Photo Les Chemins du Patrimoine
Photo Les Chemins du Patrimoine

De tout temps, l’homme a éprouvé le besoin de communiquer à distance et dans les meilleurs délais. Qui ne se souvient de l’exploit de Phidippidès, ce messager grec, venu annoncer, à ses concitoyens d’Athènes la victoire remportée sur les Perses à la bataille de Marathon, en 490 avant notre ère, en un temps record, après une course effrénée et si épuisante qu’il en mourut ?

Durant des siècles, pour transmettre au plus vite nouvelles et messages, on ne put avoir recours qu’aux chevaux, puis aux diligences. L’information circulait lentement et en 1790, par exemple, le trajet entre Paris et Toulon durait une bonne semaine. Mais trente ans plus tard, un message mettait moins de trois heures pour parvenir de la capitale au chef lieu du Var.

Une invention due à Claude Chappe

Ce fantastique progrès est dû à l’invention géniale d’un ingénieur français, Claude Chappe (1763-1805) qui conçut un télégraphe optique, à la demande de la Convention, pour causes de guerres révolutionnaires qui nécessitaient des transmissions rapides

Le principe de ce télégraphe, véritable ancêtre de nos télécommunications modernes, repose sur un mécanisme visible de loin, amélioré par l’usage et l’utilisation d’un code de transmission. Comme il doit être visible de loin, le télégraphe est placé sur une hauteur (montagne, colline, clocher, monument…). L’appareil complet, appelé poste ou station, comprend deux parties, l’une visible, l’autre abritée. Au sommet de la station, des « indicateurs », sortes de bras de 2 m de long, articulés autour d’un mât, actionnés à l’aide de poulies par un opérateur installé en contrebas, se déplient horizontalement, verticalement et obliquement, permettant ainsi, au moyen de 98 positions possibles correspondant à un alphabet spécifique de transmettre, ou de recevoir, des messages, de station en station, chacune distante de 6 à 12 km en moyenne.

Un réseau de 5.000 kilomètres

Au milieu du XIXème siècle le réseau, en étoile de Paris, s’étendra ainsi sur 5000 km pour relier 29 villes grâce à 534 stations.

La première ligne fut créée en 1794, entre Paris et Lille. Lui succédèrent celles de Paris-Strasbourg, Paris-Lyon et Lyon-Toulon. Cette dernière, mise en service en 1821, desservait la vallée du Rhône et était constituée de 108 stations passant par Valence, Avignon et Marseille.

Depuis le terminus, à Toulon, sur la tour de l’horloge à l’Arsenal, d’abord, puis sur le toit de la Préfecture (située à cette époque Place d’Armes), les messages (en fait exclusivement réservés à l’usage préfectoral et militaire) transitaient par les stations du Croupatier à Ollioules et la colline de Pibarnon à La Cadière avant d’atteindre Marseille via celles de Ceyreste, Roquefort-la-Bédoule, La Penne sur Huveaune et Saint-Marcel.
Avec l’apparition de nouvelles technologies, le déclin du télégraphe de Chappe s’est amorcé vers 1850. Mais aujourd’hui, plus que jamais, ses sites d’implantation demeurent d’actualité, puisqu’ils restent très convoités par les opérateurs de téléphonie mobile…

François Kibler