AIX VILLE DE DROIT, CRIMES ET CHÂTIMENTS

Le palais de justice d'Aix en Provence

C’est par une agréable journée de mai que notre guide émérite Nicole de Palatinat a choisi de nous proposer une visite inédite de cette belle ville d’Aix en Provence. Nous allons en effet porter nos pas dans les chemins du droit, de la justice et même du crime !… Alors suivons la et ouvrons grands nos yeux et nos oreilles !!

Tout commence à la création de l’illustre Université de droit, face à la Cathédrale St Sauveur

C’est en 1409, face à la cathédrale Saint Sauveur, que l’Université de droit est créée par le comte de Provence Louis II d’Anjou, après validation par le Pape Alexandre V.
L’université va se développer surtout après le rattachement de la Provence au Royaume de France (1482) et la création du Parlement de Provence à Aix (1501).
Plus tard elle tient tout entière au sein d’un bel hôtel particulier de style Louis XV qui abrite aujourd’hui l’école de Sciences Po. Tout près nous pouvons voir le buste de Nicolas Fabri de Peiresc homme de lettre et de science, conseiller de Provence.

Porte entrée de l’institut d’études politiques d’Aix

De nos jours la faculté de droit a quitté le cœur du vieil Aix et accueille 10000 étudiants.

Hôtels particuliers, pépites de la ville

Tous proches, rue de Saporta, deux hôtels particuliers nous font face avec leurs belles façades des 17 et 18èmes siècles : les hôtels Boyer de Fonscolombes et Maynier d’Oppède. Ils abritent aujourd’hui des unités d’enseignement universitaire. Ces deux grandes familles aixoises ont toutes deux fourni des Présidents au Parlement de Provence.

Porte d’entrée de l’hôtel Maynier d’Oppède

 

Nous voici à présent sur la place d’Albertas, l’une des plus belles de la ville et en cours de restauration. De forme elliptique, c’est Jean Baptiste d’Albertas qui l’a faite construire en 1745. Son père Henri Reynaud d’Albertas avait quant à lui fait magnifier l’hôtel particulier de la famille par l’architecte Laurent Vallon et la construction d’une belle façade à sept travées.

Si ce lieu est aujourd’hui une pépite du vieil Aix, rappelons-nous que Jean Baptiste d’Albertas fut assassiné d’un coup de couteau le 14 juillet 1790 à Gemenos lors d’un banquet en l’honneur de la fête de la Fédération.

 

Palais comtal, Parlement et exécutions.

C’est sur l’actuelle place de Prêcheurs qu’au 13ème siècle Raymond Bérenger V fait édifier en place d’une forteresse romaine le palais comtal. Résidence du « Bon roi René », le palais abritera le Parlement de Provence à partir du 16 -ème siècle et devient le centre judiciaire de la ville au 17ème siècle ; les exécutions publiques ont lieu sur la place. Il sera détruit en 1775 car trop vétuste.
Un 1er projet de construction d’un palais de justice est confié à l’illustre architecte Nicolas Ledoux mais trop onéreux il est interrompu puis arrive la Révolution…
C’est l’architecte Robert Penchaud qui reprend le projet et construit de 1822 à 1831 l’actuel Palais de justice dans le style néo-classique : l’on y accède par un imposant péristyle à colonnades. En 1992 un attentat en fait sauter les portes.
Notons que le palais de justice abrite les fameuses cours d’assise.

Palais de justice d’Aix

En face un hôtel particulier : celui du conseiller René d’Agut, caractérisé par son balcon reposant sur un couple d’atlante et de cariatide. Avant René d’Agut, l’hôtel fut habité par un avocat général, Guillaume Guérin, acteur du massacre des Vaudois. Il sera pendu sur la place des halles en 1554 et sa tête plantée sur un pieu devant l’hôtel !

Derrière le Palais de justice, le Palais Monclar.

Après un 1er projet antérieur à la révolution mais abandonné, l’année 1832 voit la construction de la prison d’Aix derrière la Palais de justice, puis le bâtiment est désaffecté en 1995. Il est décidé d’y construire la cour d’appel. Les architectes décident alors de conserver les murs de l’ancienne prison et le nouveau bâtiment, le palais Monclar (nom d’un procureur général du parlement du 18ème siècle), fait de béton, métal et verre, est construit à l’intérieur de l’enceinte.

Empruntons à présent le fameux passage Agard que tous les visiteurs de la ville recherchent fiévreusement !

C’est un avocat, Félicien Agard, qui décide en 1846 de relier le Palais de justice au cours Mirabeau, là où s’élevait avant la révolution le couvent des Carmes. Nous parcourons ainsi une minuscule ruelle de 90 m de long et pas plus de 4 m de large et débouchons sur le Cours.

Passage Agard

Construite en 1651, cette promenade ponctuée de belles fontaines, sépare l’Aix ancien du quartier Mazarin, construit par Michel Mazarin, frère du célèbre Cardinal.
Vont y être édifiés de magnifiques hôtels particuliers en pierre blonde de Bibémus.

Découvrons l’histoires particulière de trois de ces joyaux au travers de leurs anecdotes.

Il s’agit d’abord de l’hôtel d’Entrecasteaux. C’est ici qu’au 18ème siècle le Marquis d’Entrecasteaux, infidèle, assassina son épouse avec un rasoir. Enfui en Italie, condamné par contumace c’est son effigie qui subira le supplice de la roue.
Le deuxième hôtel est celui dit « l’hôtel des colonnes » : occupé par le marquis de Villars, gouverneur de Provence. Sa particularité est de pouvoir orner sa façade de colonnes, ce privilège étant réservé aux bâtiments de l’Etat car les colonnes reposent sur la voie publique !
Enfin le 3ème est l’hôtel de Pontevès, actuel tribunal de commerce. Deux imposants atlantes supportent le balcon au-dessus de la porte d’entrée. Œuvre de l’architecte Pierre Pavillon, le bâtiment de 1648 illustre parfaitement le caractère « du paraître » d’un commerçant drapier anobli qui épousa la fille d’une des plus illustres familles aixoises, Diane de Pontevès.

Hôtel Maurel de Pontevès

La fontaine de la Rotonde

Notre périple touche à sa fin. Notre guide nous montre la belle fontaine de la Rotonde : construite en 1860 trois figures la dominent : l’une tournée vers Marseille et la campagne (à l’époque !) dédiée à l’agriculture, la 2ème vers Avignon en hommage aux arts et enfin la 3ème vers le centre d’Aix et portant une balance…de justice.

Nicole de Palatinat ne pouvait pas mieux clôturer cette visite écrite sous le signe de la …justice !!

Elisabeth Puissant