En ce dimanche pluvieux et automnal du dimanche 27 octobre 2024, nos pas nous ont guidés au château d’Entrecasteaux. Puis à Cotignac pour une visite du village célébrant sa fête du coing pour se terminer par une étape imprévue mais indubitablement importante, le sanctuaire Saint Joseph.
LES MILLE FACETTES DU CHATEAU D’ENTRECASTEAUX : UN DES PLUS BEAUX TRESORS VAROIS
Le château d’Entrecasteaux édifice imposant datant pour partie du XIème siècle et plusieurs fois remanié, surplombe orgueilleusement un jardin à la française dans le plus pur style « Le Notre ».Un petit escalier à double révolution et un bassin d’agrément complètent le décor. Sur l’autre versant une terrasse grandiose domine une glacière encore intacte visible en contrebas.
De forteresse, il devint de 1670 à 1714 la résidence du Comte de Grignan gouverneur de Provence et beau-fils de la célèbre Marquise de Sévigné.
Se succéderont intra-muros l’amiral Antoine Bruny d’Entrecasteaux qui disparut tragiquement en tentant de retrouver les traces de l’expédition de la Pérouse.
Il fut rattaché à cette famille jusqu’à son rachat par la commune.
Abandonné et vandalisé entre 1950 et 1975, il perdit tout son mobilier.
Il ne subsiste d’origine que les quatre cheminées en marbre de Cararre, la cheminée de la cuisine et son « potager » difficilement transportables.
Racheté par Monsieur Mac Garvie-Munn qui le réhabilita, il est désormais la propriété de Monsieur Alain Gayral.
En visitant les lieux où des aménagements successifs ont été faits aussi bien au niveau du mobilier que de la bâtisse, ce qui frappe le visiteur est sans conteste l’hétérogénéité des lieux.
Ici, c’est une invitation au voyage non seulement à travers le temps mais aussi à travers les continents. Tout s’entremêle pour le plaisir des yeux et de pièces en pièces, nous voyageons agréablement…
Nous passons à un rythme soutenu de la cuisine provençale du XVIème siècle avec son « potager » utile pour les cuissons et pour ses cendres destinées à la lessive, à un cabinet de curiosité ! Ce dernier est à lui seul un enchantement grâce à une multitude d’animaux exotiques trônant tels des témoins des chasses et expéditions passées.
Le salon de musique prend le contre-pied et interpelle avec ses cariatides soutenant des colonnes, ses tapisseries mythologiques sa couronne de Venise et son buste de Molière entouré d’instruments de musique.
La bibliothèque abritant notamment un buste à l’effigie de la Marquise de Sévigné et la chambre de sa fille avec un lit à baldaquin rendent hommage aux célèbres épistolières.
Soudain, le salon Louis XIV dédié à l’illustre souverain nous surprend avec ses tableaux divers, ainsi que les lettres de ses non moins illustres prédécesseurs Valois et Bourbons comme un clin d’œil appuyé à la monarchie.
Bondissant dans l’histoire nous voilà dans le salon consacré à l’empereur Napoléon Bonaparte, survolant ainsi une partie de sa glorieuse épopée.
D’un seul coup, la suite orientale nous propulse dans un ailleurs mêlant Orient et Asie avec entre autre un lit de femme issu d’un harem turc, des tapisseries de chasses au tigre et une statue en terre cuite d’un soldat à Xi’an.
La salle de bain, dans le même acabit, contient des tapis et de peaux de bêtes, sans oublier des arcades bicolores. Le hall d’entrée qui termine la visite redevient plus hexagonal avec une chaise à porteur, des porcelaines des manufactures de Sèvres créées par Madame de Pompadour et le portrait de son frère Abel-François Poisson de Vandières, marquis de Marigny.
Le plus émouvant, cependant, se situe à deux niveaux. D’une part avec les portraits de la Marquise de Sévigné et de sa fille ainsi que des lettres, symboles de leur attachement. D’autre part avec le registre des expéditions avec l’atlas de l’amiral d’Entrecasteaux qui connut un destin funeste à l’instar de la Pérouse dont il était parti à la recherche.
Obsession du roi Louis XVI, cette expédition et son devenir restent un mystère.
Enfin, nous terminons avec la porte d’entrée qui avait été dérobée et qui fut retrouvée et rachetée par l’actuel propriétaire. Nous ne la passerons pas ! Mais elle permet à l’image de son histoire rocambolesque de boucler en beauté ce déplacement pour le moins original.
COTIGNAC : SAVANT MELANGE DE TRADITIONS ET DE SPIRITUALITE
La deuxième étape était consacrée à la visite du village de Cotignac qui est, à lui seul, atypique. Résolument tourné d’une part vers le passé avec sa topographie et sa dimension spirituelle. Il offre d’autre part un visage cosmopolite et provençal avec ses traditions.
Sa célèbre fête du coing, fierté locale permet aux Cotignacéens et aux touristes de déguster des spécialités liées à ce fruit d’automne. C’est une véritable invitation pour les papilles des gourmandes et gourmands.
Le village est connu dans le monde entier pour ses apparitions mariales et la dévotion liée à la Vierge Marie et à son époux Saint-Joseph.
COTIGNAC ET LA FAMILLE ROYALE DE FRANCE
Le lien puissant de la famille royale avec Cotignac n’est pas un secret. En effet, en 1637 à Paris le frère Fiacre déclara avoir eu une révélation lui disant que la reine Anne d’Autriche désespérée de ne pas donner d’héritier à la France devait faire des neuvaines.
Les neuvaines devaient être faites à la Basilique Notre-Dame-des-Victoires à Paris, puis à Notre-Dame de Paris et à Notre-Dame-des-Grâces de Cotignac pour avoir un héritier.
La reine sera miraculeusement comblée avec la naissance de son fils le futur roi soleil Louis XIV. Ce dernier reviendra à Cotignac avec sa mère à l’âge de 23 ans pour remercier la Sainte Vierge pour sa naissance.
Topographiquement parlant le village est pittoresque. Il est bâti au pied d’une barre rocheuse en tuf calcaire. Il se trouvait à l’origine au sommet de la « falaise ». Dans les temps immémoriaux la rivière la Cassole coulait en cascade depuis ladite falaise.
Ce qui frappe le visiteur est sans conteste cette paroi rocheuse qui comporte de multiples cavités et boyaux, visitables pour certains par beau temps et qui servaient d’abris provisoires. On pouvait y loger les villageois et cela constituait un rempart contre tous les dangers.
Les ruines du château avec les deux tours sarrasines témoignent du rôle défensif et protecteur du site. Cotignac a été réaménagé au fil des siècles et il est aussi célèbre pour sa tour d’horloge datant de 1496 avec son campanile en ferronnerie classé, son cadran solaire et son carillon d’horloge. Ici plus que jamais le passé et le présent se côtoient et se mélangent admirablement.
LE MONASTERE SAINT JOSEPH DU BESSILLON HAUT LIEU DE SPIRITUALITE
Enfin, contre toute attente nous finissons notre périple au monastère Saint-Joseph du Bessillon.
Dans ce haut lieu spirituel entouré d’une végétation luxuriante le silence domine et le recueillement s’impose.
Le chemin pour accéder à la chapelle et à la source de Saint-Joseph est jalonné de quatre panneaux relatant la vie du Saint appelé tour à tour « homme juste », « patron des mourants », « protecteur de la vie », « patron de la vie intérieure ».
Sur le côté de la chapelle, la statue de Saint-Joseph reçoit les prières des pèlerins qui peuvent contempler la source datant de 1660 et s’y abreuver.
La devise « puisez avec joie aux sources du Sauveur » rappelle l’apparition qui fut faite en 1660 à Gaspar Richard berger assoiffé, le conduisant à découvrir la source cachée sous une énorme pierre.
Avant de quitter les lieux nous assistons aux vêpres et nous sommes subjuguées par les chants latins des moniales qui s’élèvent à l’unisson comme pour rejoindre le ciel.
Ainsi s’achève notre journée culturelle qui de bout en bout nous a émerveillés.
Evelyne BOSSON-MONGELLI