Terre de rosé et de rugby, le Var est aussi une terre de tournages en offrant aux professionnels du 7ème Art de superbes décors naturels qui ont ainsi permis d’y réaliser de nombreux films et séries télévisées. Après avoir, dans un article précédent, évoqué bon nombre de réalisations en région toulonnaise, poursuivons cette évocation en région tropézienne et ailleur.
Depuis des décennies la Provence attire les réalisateurs de cinéma pour la beauté de ses sites naturels et son exceptionnelle luminosité.
Depuis 1927, le Var fait ainsi partie de ces terres séduites par les professionnels du 7ème art.
Après avoir donné un aperçu, non exhaustif, de films tournés en région toulonnaise, allons plus loin et, surtout, ne soyons pas étonnés du nombre incroyable de réalisations qui y ont pour cadre naturel.
Aiguines
Jeux interdits (1952) de René Clément, tourné en grande partie dans le Verdon avec Brigitte Fossey, Georges Poujouly. L’intérêt de ce film dont l’action se déroule en 1940 réside probablement dans la musique composée et interprétée par Narciso Yepes qui est devenue au fil des décennies un classique de l’apprentissage de la guitare.
Le clan des Siciliens
Anthéor
Le clan des Siciliens (1969) de Henri Verneuil avec Jean Gabin, Alain Delon et Lino Ventura. Le film est adapté du roman du même nom d’Auguste Le Breton. La scène où Alain Delon massacre un poisson sous le regard réprobateur d’Irina Demick se déroule sur la plage de sable de la Baumette à Agay.
Le coup du papapluie (1980), film comique de Gérard Oury avec Pierre Richard, Gert Fröbe, Valérie Mairesse. Plusieurs séquences ont pour décor naturel l’Estérel, tandis que deux autres se déroulent à Saint-Tropez, place de l’Ormeau et dans la piscine de l’hôtel Byblos.
Bargème
Le Cerveau (1959) de Gérard Oury avec Jean-Paul Belmondo, Bourvil, David Niven, Eli Wallach…La partie finale avec les ruines du château de nuit et les feux d’artifice a été tournée au château de Pontevès qui domine Bargème.
Le Gendarme de Saint Tropez
Bormes-les-Mimosas
L’Amour aux trousses (2005) de Philippe de Chauveron, une sympathique comédie policière avec Jean Dujardin, Pascal Elbé, Caterina Murino…
Quelques séquences ont été tournées à Bormes et à l’Ayguade.
On doit au même réalisateur d’autres succès tels que Qu’est ce que qu’on a fait au Bon Dieu, A bras ouverts, Les Vacances de Ducobu, Les Seigneurs…
Cogolin
Le Gendarme de SaintTropez (1964) de Jean Girault avec Louis de Funès, Michel Galabru, Geneviève Gad .
C’est à Cogolin, où un pâtissier d’origine polonaise, Alexandre Micka, inventa un fameux gâteau, la tarte tropézienne, que débute la saga des six « Gendarmes à Saint-Tropez » dont les différentes séquences, avec le renfort d’autres acteurs tels que Christian Marin, Claude Gensac, Jean Lefèfbre, Maria Pancôme, Fernand Sardou…vont être tournées à Saint-Tropez et alentour, Ramatuelle, Gassin, La Croix-Valmer, La Mole…
Ainsi voient le jour Les Gendarmes à New-York (1965), Le gendarme se marie (1968), Le gendarme en balade (1970), Les Gendarmes et les Extra Terrestres (1979) et pour finir Les Gendarmettes (1982).
Ce sera chaque fois un immense succès. Et même les rediffusions récolteront toujours d’excellentes audiences.
La Collectionneuse
Comps-sur-Artuby
Le courage d’aimer (2005) de Claude Lelouch, une comédie dramatique avec Mathilde Seigner, Maïwenn, Arielle Dombasle, Line Renaud, Pierre Arditi, Ticky Holgado, Michèle Bernier, Francis Perrin…
Une assez longue séquence a été tournée dans les environs du Verdon.
Ce film fut nommé trois fois aux « Gérard du Cinéma » en 2006 et remporta le « Gérard de la plus mauvaise actrice » pour Arielle Dombasle.
Gassin
La collectionneuse (1967) d’Eric Rohmer avec Patrick Bauchau, Hydée Politoff, Daniel Pommereule. C’est le quatrième des six contes moraux qui a obtenu un Ours d’argent au Festival international de Berlin. Ce film a été tourné à Gassin, au Mas de Chastelas, une ancienne magnanerie.
Je vous aime (1980) de Claude Berri avec Catherine Deneuve, Jean-Louis Trintignant, Gérard Depardieu, Alain Souchon. La musique a été composée par Serge Gainsbourg. Ce film de souvenirs, tourné au Mas de Chastelas, est une comédie dramatique, qui se montre délicate et nostalgique ,une sorte de chronique douce et amère sur le temps qui passe.
Le Viager et le Corniaud
La Garde-Freinet
Le Viager (1972) de Pierre Tchernia et René Goscinny avec Michel Serrault, Michel Galabru, Jean-Pierre , Rosy Varte, Noël Roquefort.
La maison où habite Louis Martinet existe toujours.
Il reste néanmoins quelques anecdotes de ce film qui a connu un immense succès.
Tous les chiens successifs s’appellent Kiki et possèdent un numéro d’ordre ajouté à chaque fois la veille.
Pour interpréter le personnage de Louis Martinet, Michel Serrault avait demandé à porter un faux nez.
C’est aussi le dernier long métrage dans lequel joue Noël Roquevert qui nous a quittés.
La Motte
Le Corniaud (1964) de Gérard Oury avec Bourvil, Louis de Funès, Venantino Venatini, Bebe Loucar, Henri Genès…C’est un film comique franco-italo-espagnol qui connaîtra un immense succès.
Il est inspiré par la French Connection, au début des années 1960 et
l’affaire Jacques Angelvin, un présentateur de la télévision française, arrêté aux Etats-Unis au volant d’une Buick Invicta contenant cinquante kilos d’héroïne.
Ce film a été réalisé en plusieurs endroits, en Italie (Naples, Rome, Pise), Bordeaux,
Carcassonne, Menton, Paris, Versailles mais aussi dans le Var, à La Motte et à Saint-Raphaël.
A La Motte il s’agit du passage à niveau de la gare Sainte-Roseline, et à Saint-Raphaël de quelques scènes au camping et du bain de minuit d’Ursula sur la plage du Débarquement de 1944.
Quand Louis de Funès fait la « grève du masque »
Détail croustillant : deux jours avant le début du tournage, un samedi soir, le fils de 16 ans du premier assistant « emprunte » la Jaguar verte que Louis de Funès devait utiliser et la détruit dans un accident. En conséquence, beaucoup des scènes de l’acteur ne pourront être filmées qu’après l’arrivée d’une voiture de rechange, « repeinte à toute vitesse de couleur verte », des jours plus tard.
Et mieux encore :
Après la projection des épreuves (rushes) des deux premières semaines de tournage, de Funès, trouvant qu’il n’était pas assez présent à l’écran, fera une « grève du masque » pendant près de 24 heures. Autrement dit, il ne joue plus que ce qui est écrit et rien de plus.
Gérard Oury indique dans ses mémoires qu’il reconnaît dans le film l’endroit où de Funès effectue cette « grève », mais le réalisateur reste muet sur l’instant précis dans le film. Il imagine alors pour de Funès la fameuse scène du garage et celle plus hilarante encore de la douche, où l’acteur compare sa musculature avec celle d’un « grand balèze »,un ex-catcheur Robert Duranton.
François Kibler
Dans un dernier article, cap sur Saint-Tropez où ont été tournés de nombreux films.