Superbe sortie que celle organisée autour des châteaux du Sud Lubéron avec, à la clef, des visites privées de ces hauts lieux historiques où se sont écoulés des siècles et des siècles d’Histoire et de bon goût.
Au programme concocté par Anne-Marie Boyer, les joyaux de la Tour d’Aigues, d’Ansouis et de Lauris, commentés par Alexandre Mahue, un guide dont l’érudition tout à fait remarquable a été unanimement appréciée par la cinquantaine de participants à cette escapade culturelle.
La Tour d’Aigues d’abord…
La Tour d’Aigues, dont il ne reste que des pans de murs surdimensionnés et dont la restauration prête à controverse, ne représente d’autre intérêt que celui d’être un témoignage de l’architecture en vigueur sous la Renaissance. Il en va de même des fenêtres qui traduisent bien cet esprit venu d’Italie.
… et ensuite Ansouis
Mais le vrai joyau, bien sûr, c’est le château d’Ansouis dont la nouvelle propriétaire, Madame Rousset-Rouvière, en a ouvert les portes à Matriochka, avec une plongée dans plusieurs siècles d’histoire : ancienne forteresse militaire pour contrôler la Vallée d’Aigues, elle a subi des transformations au XIIème siècle après que s’y soient ajoutés des bosquets, des jardins et les terrasses qui entourent le château d’un écrin de verdure.
La magie des lieux commence quand on emprunte le bel escalier d’honneur, puis lorsque l’on déambule dans une enfilade de salles richement décorées de gypseries et mobilier. Une balade dans le temps entre le Moyen-Age et l’Ancien Régime. La nouvelle propriétaire n’a pas lésiné pour remeubler ce château, pour lui trouver l’âme de la Renaissance à travers ses coffres, sa bibliothèque, ses bibelots, ses fauteuils, canapés, lits à baldaquins…, le tout garanti d’époque.
Au temps des Comtes de Provence
L’histoire de ce superbe château commence au Xe siècle, sur un rocher, dominant la Vallée de l’Aigues. Il est alors une forteresse militaire constituée par un donjon et par quelques constructions isolées entourant ce donjon. Il appartient en ces temps troublés à de puissantes familles : les Forcalquier, les Comtes de Provence et à partir du XIIIe siècle aux Sabran.
Alors que les guerres de religion se terminent à la fin du XVIème siècle, les châteaux forts se transforment en demeures de plaisance. Au XVIIème siècle, le château d’Ansouis évolue ainsi, peu à peu, pour devenir un art de vivre de l’aristocratie aixoise.
Un joyau sauvé au XIXème siècle
Les Sabran Pontevès, qui arrivent au début du XIXe siècle, permettront plus tard à la Duchesse de Sabran-Pontevès de sauver le château d’Ansouis de la ruine et de le faire classer, avec son parc, en 1948.
En 2008, la vente d’Ansouis avait été mise aux enchères pour quelque 4 millions d’euros, mais Pierre Cardin avait fait une surenchère (qui, pour des raisons plutôt psychédéliques a finalement acheté entre-temps 40 maisons du village de Lacoste, à l’heure inhabitées ) . Et finalement, c’est le couple aixois qui put l’acquérir pour 5.600.000 € en y aménagement l’ensemble mobilier d’époque, au moindre détail près, jusqu’à la petite cuillère. C’est tout dire. Et cela mérite un grand bravo !
François Kibler